OUVRIER EN SOYE  (André ROUSSEL)

MAITRE OUVRIER EN SOYE  (Jean-François ROUSSEL)

Marchand Maître OUVRIER EN SOYE  (Jean-françois ROUSSEL père et François ROUSSEL)

à TOURS

 

Ouvrier en soie

OUVRIER EN SOYE   Jacquardier ou jacquardié : ouvrier qui travaille sur un métier monté à la Jacquard, puis désigne progressivement tous les ouvriers en soie.

Cette « manufacture », spécifiquement urbaine, est, comme presque toutes les manufactures textiles, dispersée. Elle se présente sous la forme de petits ateliers domestiques, situés dans des maisons particulières et éparpillés dans quelques paroisses3. Physiquement, la manufacture est donc peu visible, mais le fait qu’elle soit présente partout, permet à ses membres de se rencontrer dans toute la ville : « Au lieu de quelques manufactures de soie, contenant chacune quelques centaines de métiers groupés dans un espace restreint, c’était comme une cité dans la ville et comme un monde de métiers, dont le bruissement animait du matin au soir les quartiers urbains et suburbains » L’organisation économique de cette manufacture est très hiérarchisée. Au bas de l’échelle se trouvent la plupart des métiers spécifiquement féminins, qui peuvent aussi être à la campagne : les rouetteuses, les encaneuses, les moulinières, les dévideuses, les ourdisseuses. Ensuite viennent ceux qui travaillent au tissage sur les métiers : les plus nombreux sont les ouvriers[ères] en soie, mais les maîtres-ouvriersy oeuvrent également, pour leur compte ou pour autrui. Dominique Godineau, en se fondant sur différents travaux de recherche, rappelle que, même si ces derniers possèdent une maîtrise et dirigent un atelier, ils sont sous la dépendance économique des marchands-fabricants ; leur statut est proche de celui des salariés… Enfin, au sommet de cette hiérarchie se trouvent les marchands-maîtres-ouvriers, les marchands-fabricants et les négociants qui contrôlent la production et la commercialisation de la soie.

La fabrication de la soie

La soie

 
La soie provient du papillon Bombyx mori de son vrai nom. Sa chenille, appelée ver à soie, produit un fil employé pour la fabrication de la soie. On le trouvait à l'origine dans les pays où poussait le mûrier blanc, c'est-à-dire en Chine, en Inde, en Perse. Il est rapidement devenu complètement domestique au point que la chenille a besoin de l'homme pour se nourrir et que le papillon ne sait pas voler.

 

 
La femelle du Bombyx pond de 300 à 500 oeufs (appelés "graines"), puis meurt peu après. Pour qu'ils éclosent, il est nécessaire de les maintenir au chaud. On utilise des couveuses aux parois remplies d'eau chaude, appelées "castellets".  
 

 

Le ver à soie

 
À sa naissance, le ver mesure quatre millimètres. Il passera les cinq semaines de sa vie à engloutir des feuilles de mûrier, pour atteindre 10 centimètres. Son poids sera multiplié par 10 000 et il subira quatre mues. A la fin de sa vie, il faut l'alimenter en feuilles quatre fois par jour.

                         

 

 

Le cocon

 

 
Les chenilles grimpent sur des supports et s'y attachent à l'aide d'un fil.
Il leur faut deux jours pour s'installer et commencer à filer le cocon.
Il leur faudra régurgiter un à deux kilomètres de fil pendant quatre jours pour former ce cocon.

 
 

 

La fabrication de la soie

 

 

On empêche les chrysalides de se transformer en papillon, car en sortant du cocon, le papillon le percerait et briserait le fil. Les chrysalides sont donc étouffées à l'aide d'air chaud. Autrefois on les plongeait dans l'eau chaude pour dévider le fil de soie.

 

La dévideuse réunit plusieurs fils de cocons ,de quatre à dix selon la grosseur du fil désirée, et les dévide en même temps. Le fil ainsi constitué est recueilli sur le dévidoir.

 

 

 

Le moulinage consiste à tordre ensemble plusieurs fils de soie pour plus de solidité. Plus le fil est tordu, plus l'étoffe sera souple.

 

On fait bouillir les écheveaux avec un dissolvant afin d'éliminer les dernières traces de grès. Le grès, aussi appelé séricine, est une matière qui entoure le fil de soie. La couleur du grès dépend de la race du vers, alors que le fil de soie est toujours blanc. Le fil est ensuite imprégné d'alun afin de pouvoir recevoir la teinture. L’alun est un produit qui sert à fixer la teinture.

 

 

Le tissage

 

 

Dernière étape de la production de la soie, le tissage s'effectuait sur des métiers à bras jusqu'au début du XIXème siècle.  

Métier à bras

   
La mécanisation et l'arrivée du métier Jacquard augmentèrent alors considérablement les capacités de production. C'est à cette époque que Lyon devint la capitale mondiale de la soie.  

                                                Métier Jacquard à cartons perforés

 

 

Manufactures de Soie à Tours.

 

Ce fut en 1470 que Louis XI, Roi de France, établit à Tours des Manufactures de Soie. Les premiers ouvriers qui y travaillèrent, y furent appelés de Gènes, de Venise, de Florence, & même de la Grèce; & en 1480 au mois d'octobre, ce Prince leur donna des lettres patentes qui contiennent de grands privilèges, dont une partie leur est encore conservée.

Au carrefour de la rue de Constantine et de la rue de Maillé, la maison du Croissant ou de la Belle Teinturière est un exemple de maison bourgeoise du XVème siècle. C'est dans ce quartier que s'installèrent, autour de 1470, les ouvriers de la soie venus à Tours à la demande de Louis XI. 


 

 En Tourraine, les vers à soie sont élevés dans des magnaneries appelées "verreries" ou "verries". Elles étaient souvent situées au sein des anciennes galeries des carrières désaffectées. Les niches creusées à même la roche abritaient les vers à soie 

source photo : http://www.blancfoussy.fr


   

On comptait autrefois à Tours 700 moulins à dévider, mouliner, & préparer les soies; 8000 métiers pour en fabriquer des étoffes; 40000 personnes employées à dévider la soie, l'apprêter & à la fabriquer. Tout cela se trouve réduit à 70 moulins, à 1200 Métiers, & à 4000 personnes seulement qui subsistent de l'ouvrage des soies.

 

 Cette industrie de luxe, longtemps rivale de Lyon par la qualité de ses productions, faisait vivre le tiers de la population active de la ville de Tours au XVIe siècle

 Au début du XVIIIème siècle, l'activité reprend. L'habilité des dessinateurs de motifs est reconnue. Grâce à un arrêt du Conseil d'Etat de 1787, leurs modèles sont protégés pour 15 ans.

Blason des ouvriers en soie
De gueules à une épingle d'argent posée en pal,
surmontée en chef d'une navette plate, accostée à dextre d'un couteau à couper le velours
et de pinces pour tirer les dents des peignes,
et à senestre d'une paire de ciseaux, d'une passette et d'une aiguille,
le tout posé en pal et d'argent (D'Hozier).

 

 

L'apprentissage impose à l'apprenti de vivre chez le maître, celui-ci ayant à la fois un rôle de professeur et d'éducateur. Un règlement de Colbert fixe en 1667 la durée de l'apprentissage à cinq ans. L'âge minimum est de treize ou quatorze ans, mais il faut noter que la Manufacture emploie pour les travaux annexes beaucoup d'enfants plus jeunes qui n'ont pas le statut d'apprenti. Dans le contrat, le maître s'engage à "loger et coucher ledit apprenti, le nourrir de bouche, lui fournir feu et lumière, lui faire blanchir son gros linge et le perfectionner dans son art de fabricant en étoffes de soye, sans lui rien cacher de ce qui en dépend".

Le maître-ouvrier, lui, peut travailler pour plusieurs fabricants à condition de ne pas mélanger les fils qui lui ont été fournis. Par ailleurs il a l'obligation de porter l'ouvrage fini au "Bureau de la Communauté" pour être vérifié et qu'il y soit apposé "en tête et en queue sur une tirelle de deux pouces, les initiales de son nom, le nom et la qualité de l'étoffe, ainsi que le nombre des portées dont la chaîne est composée".

la Révolte des Canuts, au cri célèbre de "vivre libre en travaillant ou mourir en combattant", accompagnée de la non moins célèbre chanson d'Aristide Bruant :

"Mais notre règne arrivera
Quand votre règne finira!
Alors nous tisserons
Le linceul du vieux monde,
Car on entend déjà
La révolte qui gronde!"

Le métier mécanique
a sonné le glas 
 

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broché de soie
style restauration
au métier Jacquard.