Les sabotiers 

 



Les sabotiers travaillaient souvent en équipe de 3 ouvriers.
L'ébaucheur ou équarisseur, dégrossissait à la hache une pièce de bois pour lui donner une forme primitive.
Le pareur utilisait un paroir pour affiner les surfaces extérieures gauches et droites du sabot et commençait à le creuser.
Le troisième ouvrier à l'aide de mèches, de cuillères et de gouges évidait l'intérieur du sabot.
Le maître sabotier tel le maître bottier, effectuait le travail sur la qualité du chaussant, apportant au sabot toute l'ergonomie et le confort requis pour le bien être du pied.
Les fleuristes en sabot exécutaient des motifs décoratifs fleuris à l'intention des femmes qui les portaient le dimanche pour se rendre à l'église.
La fabrication du sabot était un travail entièrement fait à la main et représentait une tâche pénible. 

 

fleurteuse de sabots

 les femmes vont décorer les sabots. Elles sculptent des fleurs, d'ou leur nom de fleurteuses Elles se servent d'outils tranchants: la << grosse viyete >



Buironfosse dispose de son propre Musée du Sabot

 

 

LE SABOTIER

Le sabot à BUIRONFOSSE est une vielle tradition. Déja sur les registres d'état civil de 1683, le sabotier dessinait un sabot pour signer. A cette époque, chaque village avait un sabotier. La fabrication << en grand >> est plus récente. Un document de 1827 nous apprend : << qu'une grande partie de la population de la commune est occupée à fabriquer des sabots >> .Dans une monographie signée du 12 avril 1888 le directeur d'école d'alors écrit : << Une partie de la population est occupée à la fabrication des sabots qui sont expédiés sur Saint-Quentin et dans le departement du Nord >> Enfin, selon un auteur Belge  les premiers sabotiers seraient des Bretons et des Vendéens ayant fui devant la rèvolution de 1789. Il se seraient installés dans la forets de Thiéache et plus particulierement à BUIRONFOSSE >>.

Les huttes forestieres.

Comme les bucherons ou les charbonniers, les premiers sabotiers sont << des hommes des bois >>.Il construisent leur hutte de paille et de genets dans les coupes.Cet abri est tout juste assez grand pour contenir l'etabli du planeur, celui du creuseur, l'outillage , un ou deux lits de fougéres et le materiel de cuisines. Pendant toute la semaine, les sabotiers travaillent et dorment en foret. Ils rentrent le samedi chargés de nombreuses paires de sabots.Le lundi matin ils regagnent la hutte, la musette pleine de provisions. Les légumes et le paim pour << la soupe de chapons >> ( voir annexe 1 ) sont en bonne place.

 

Braconniers et fraudeurs.

Les sabotiers améliorent leurs menus en braconnant . Certains soirs, ils dinent plus vite que d'habitude: ils ont encore de l'ouvrage. Ils vont abattre un bouleau réservé par l'Administration des Eaux et Forets. Le lendemain matin ni vu ni connu. Plus de branches, plus de souche. Mais en cherchant bien on trouverait quelques paires de sabots << abloqués >> de plus que la veille.Ces vols seront découverts et les sabotiers chassés des forets de l'Administration.

Les sabotiers deviennent sédentaires.

Les sabotiers quittent donc la foret pour venir travailler au village. Chacun va installer << une boutique >>. La boutique , c'est le nom de l'atelier du sabotier. Beaucoup transforme simplement une piéce, une écurie en atelier. Les plus riches construiront une Boutique prés de leur maison. Si le planeur a un fils, il deviendra creuseur, le creuseur fera apprendre le métier de planeur à son garcon, la femme et les filles aideront le pére pour la décoration... C'est ainsi que se créent les << Boutiques familiales >>. En 1880, Buironfosse comptait 350 patrons sabotiers qui fabriquaient à la main 150 000 paires de sabots. Le village comptait alors 2250 habitants. Les << Boutiques >> vont devenir de véritables ateliers, certains occuperont quatre à cinq ouvriers, les plus importants donneront du travail à plus de dix couples de sabotiers.

RECETTE DE BUIRONFOSSE

LA SOUPE A CHAPONS

Recette recueilli aupres de Mr CHAUDRON, ancien bucheron .

Cette soupe était faite par les charbonniers et les bucherons qui travaillaient en foret et y couchaient dans des huttes.

Avant le lever du soleil, on << épluchait la soupe >> : poireaux et pommes de terres qu'on faisait cuire dans une << trois pattes >> sur un feu de bois, en y ajoutant du beurre quand on en avait.

Dans une écuelle en bois ou on avait mis de la mie de pain, on versait le bouillon de légumes. Dans la << trois pattes >> on écrasait les légumes de la soupe et on mettait dessus des croutons de pain, les << chapons >> qui cuisaient à la vapeur des légumes écrasés.

On mélangeait alors le tout avec du beurre et du fromage, Maroilles a l'occasion. On servait ce mélange dans des écuelles de bois des bucherons et on le mangeait avec des cuillers de bois creuses et de formes presque carrée. On ne relavait pas les écuelles , on les << ramassait >> avec la cuiller de bois ou avec du pain. Les écuelles de bois se mettaient l'une dans l'autre, avec la cuiller dedans et s'emboitaient hermétiquement

 

La fabrication du Sabot


Le bois employé dans la région est surtout le hêtre ou "fayard" ; ce hêtre étant appelé en patois mayennais "feuca" (mot sans doute dérivé du latin fagus). Il est travaillé en vert pour plus de facilité dans la mise en œuvre, et l'artisan porte un tablier de cuir tout collant de sève.

 

Les grumes de hêtre sont débitées en rouelles à la scie-harpon (ou passe-partout) à la longueur d'un sabot, puis fendues selon leur grosseur. 
L'ébauche de la forme extérieure sera obtenue à la hache à bûcher, c'est "dresser les quartiers". 
L'étape suivante se fait sur la bique, petit établi sur lequel est fixé un grand sabre orientable, très tranchant, le paroir, avec lequel est façonné l'extérieur de la pièce.


 


Ensuite, vient le creusage sur la coche, à l'aide de la tarière puis de diverses cuillères, ce travail moins pénible étant souvent dévolu à l'épouse.


 dans sa loge, sabotière au travail de l'évidage à l'aide de la tarière.
 

Le boutoir est ensuite mis en œuvre pour former semelle et talon.

 


Etabli portatif, ou "coche"
ayant servi à Marcellin Gautier (1920).
Musée du Compagnonnage à Tours.


Et c'est de nouveau l'épouse qui se charge des finitions au racloir, avant de teindre au noir de fumée, au brou de noix ou plus tard au vernis.

Avec le temps, le bridage apparaît, c'est la pose d'une bande de cuir en forme de croissant à l'avant du sabot, qui va apporter un meilleur confort à la marche. 
Ces brides pourront resservir pour plusieurs paires de sabots successives.

 

 
Sabot à brider

 

 

 
Les étapes de la fabrication des sabots découverts
 , les sabots terminés sont destinés à recevoir une bride
 

 

Le paroir est l'outil le plus important pour le travail du sabotier, mais le plus beau est sans conteste la hache à bûcher dite "épaule de mouton".

LE SABOTIER

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Billot de sabotier: Longueur 1 m

Le sabotier

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Boutoir à rogner: Longueur 35 cm

Crochet de tablier: Longueur 4 cm

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Boutoir: Longueur 30 cm

Enseigne de sabotier: Longueur 45 cm

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Hache à bûcher: Longueur 34 cm

Herminette à deux lames: Longueur 32 cm

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Paroir: Longueur 90 cm

Le sabotier

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Rouanne: Longueur 19 cm

De la bûche au sabot

 

LOCALISATION
D'une manière générale, le sabotier travaillait dans les régions où il y avait des forêts et des bois ; C'est dire que, de tous temps, on a trouvé des sabotiers dans pratiquement toutes les régions de France. La difficulté de transport du bois obligeait le sabotier à s'installer aux abords de ces forêts, souvent avec toute sa famille, dans une hutte qu'il construisait sur place. Au XIXème siècle, lorsque l'usage du sabot se généralisa, chaque village eu besoin de son propre sabotier et celui-ci s'installa alors dans le village. Un ouvrier consommait alors cinq à six paires de sabots par an et l'ouvrage ne manquait pas. Le sabotier achetait son bois sur pied et le faisait transporter jusqu'à son échope.

 
LA MATIERE
Le sabotier abattait et débitait lui-même son bois. Il s'agissait souvent du bouleau, parfois de l'orme, du hêtre ou de l'acacia. Le sabot de "luxe" se fabriquait dans le noyer. Le peuplier était utilisé pour faire les sabots utilisés en milieu humide (notamment par les mariniers) car il évitait de glisser. Bien entendu, le chêne et le frêne étaient proscrits, car beaucoup trop pesants.

 
LES OUTILS
Une fois les bûches débitées, le sabotier dégrossissait la forme à la hache. Cette hache avait un manche très court terminé par une boule pour contrebalancer le poids du tranchant. L'herminette servait ensuite à dégager le talon. Le paroir, sorte de lame tranchante de 80 cm, fixée à une extrémité entrait ensuite en action dans les mains habiles du sabotier pour donner la forme extérieure définitive au sabot. Le creusage s'amorçait à la tarière, sorte de vrille de 40 cm, puis se finissait à la cuiller. Cet outil tranchant, qui ressemble à une cuillère comme son nom l'indique, pouvait avoir plusieurs gabarits. Le boutoir et la ruine (ou rouanne) permettaient d'accéder au fond du sabot pour la finition.