LA CHOUANNERIE EN HAUT ANJOU

vécue par nos ancêtres paysans dont Anne FOUILLET décédée à la maison d'arrêt d'Angers en 1794 (parents François FOUILLET et Anne PLACE de Loiré)

N’oublions pas cette armée de braves paysans qui sont morts en héros. Ceux-là n’avaient pas la noblesse du nom, ils avaient celle du coeur, et leur âme fière et libre en a fait des héros dignes de figurer à côté des grands chefs de cette gigantesque épopée.

 

  • Née le 26 août 1743 - Chazé sur Argos (La Grand Villebreneu)

  • Mariée le 30 janvier 1769, Louvaines, avec Mathurin ROUSSEAU 1748

  • Décédée le 4 septembre 1794 - Angers - (Maison d'Arrêt) , à l'âge de 51 ans

Voir lettre de doléances de Loiré sur les archives du 49 signée entre autres par François FOUILLET le 5 Mars 1789

 

A voir sur les archives du 49 en ligne (doléances du Louroux-Béconnais etc....)

une enquête sur la situation déplorable des campagnes, où apparaît à plein partout le vide et la détresse du pays, l’absence des maîtres, l’émigration des travailleurs, les rivières obstruées, les routes défoncées, les défrichements qu’encourageait l’édit du 13 août 1766, rendus inutiles par le défaut d’engrais, les labours en proie au gibier des plaisirs seigneuriaux ou délaissés par routine en jachères infécondes, partant une population misérable, nourrie d’orge ou de sarrasin et, à quelques rares fêtes, de porc, de châtaignes, de noix, exaspérée contre l’exécrable gabelle, démoralisée par les gains faciles du faux saunage ou par les hontes de la mendicité dans le bourg voisin et trop souvent en bandes menaçantes.

LA GABELLE

L'ANJOU : en régime de grands gabelles :

LA GABELLE Y EST UN IMPÔT PARTICULIEREMENT PERVERS ET LA COERCITION EST LA REGLE. IL S'AGIT DE PRELEVER UN IMPÔT DEVENU EXHORBITANT

A LA SUITE DES HAUSSES SUCCESSIVES GENEREES PAR LES BESOINS FINANCIERS DE LA MONARCHIE, AU STADE ULTIME DE LA DISTRIBUTION DANS LE

PUBLIC, PUISQUE LE ROI N'AVAIT PU LE PERCEVOIR A LA PRODUCTION

 

Le sel français était soumis à un monopole d'État et à une lourde taxe, la gabelle, instaurée en1343. L'Anjou fait alors partie des pays de « grande gabelle » et comprend seize tribunaux spéciaux ou « greniers à sel », dont celui de Candé. En Bretagne, le sel était en revanche exempté d'impôt, et les Bretons conservèrent ce privilège lors de l'unification. Cela encourageait les Angevins à acheter du sel en Bretagne pour ensuite le faire passer secrètement en Anjou, sans rien payer. Les contrebandiers, appelés « faux-sauniers », s'exposaient à de lourdes peines, comme la condamnation aux galères ou même la peine de mort. Avoir un grenier à sel était un privilège pour Candé, mais la position de la ville à la frontière bretonne rendait la tâche difficile aux magistrats qui y travaillaient. Le grenier à sel de Candé possédait d'ailleurs sa propre prison.

 

 L’insurrection touche la Bretagne, la Vendée et une partie de l’ouest de la France. Les paysans s’allient à la noblesse locale qui va les encadrer et constituer avec eux l’armée catholique et royale de Vendée. La première chouannerie de 1793-1794 s’accompagne de violences, de haines et de rancœur

La Convention a rapidement dépêché des troupes (appelées les Bleus, en raison de la couleur de leurs uniformes) pour soumettre les rebelles (les Blancs appelés aussi Chouans).

Mars 1793, tentatives de soulèvement dans le Segréen

Des nobles, soupçonnés d'être les instigateurs de la rébellion, sont placés sous surveillance au chef-lieu du département.

Certains, comme Gastineau de l'Oncheraye et monsieur de la Grandière du Plessis, un instant innocentés, sont arrêtés et transférés à Angers.

Ils sont guillotinés six mois plus tard.

Du côté patriote, on soupçonne les nobles d'être les instigateurs des rassemblements et la preuve de leur culpabilité est que leurs domestiques sont dans les attroupements.

La femme du sieur de la Grandière est mise en prison, ainsi que ses deux domestiques, sans subir d'interrogatoire.

l’armée d’Anjou (ou des Mauges) commandée par Cathelineau, d’Elbée, Bonchamps et Stofflet

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Les paysans Vendéens, demandent à Cathelineau de prendre la tête de leur insurrection.

Jacques Cathelinaux
"Saint de l'Anjou"

Pin-en-Mauges 1759 - St Florent-le-Vieil 1793

Premier Généralissime de la Grande Armée Catholique et Royale

.Le 12 juin les généraux Vendéens se réunissent pour désigner leur généralissime et élisent Cathelineau à l’unanimité. Le choix surprenant d’un simple voiturier permet de ne léser aucun des généraux nobles et flatte les masses paysannes qui sont l'essentiel de cette armée. De plus Cathelinaux fait l’unanimité de tous les insurgés quand à son désintéressement, sa simplicité et sa grande piété.

 

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Cathelineau arrivant en vue de la place de Viarmes est blessé très grièvement par un tir Républicain. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre dans les rangs Vendéens qui refluent malgré les efforts désespérés de D’Elbée pour les ramener au combat. Charette, dans l’ignorance de ces évènements, continuera de se battre jusque dans la soirée du 30 puis se repliera sur Legé alors que le gros de l’armée Vendéenne retraversait la Loire à Ancenis. Cathelineau mortellement blessé allait rendre son dernier soupir le 14 juillet 1793 à Saint-Florent-Le-Vieil. 

14 juillet. Mort de Cathelineau à Saint Florent le Vieil. (Maine et Loire).

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26 juillet. Bataille de Ponts de Cé. (Maine et Loire).

Le célèbre épisode de la Roche des Murs: Acculée sur cette roche qui se dresse à pic et domine la Loire près des Ponts de Cé, la troupe républicaine, dans un acte héroique, plutôt que de se rendre, se précipite dans le fleuve. Seuls restent sur la corniche l’épouse du commandant du 8° bataillon et son enfant, protégés par une soldat qui se sacrifie pour les protéger tandis qu’elle décide de se jeter quand même dans le vide. 

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On relève les premiers soulèvements paysans en Vendée en février 1791, puis durant l’été 1792. Mais c’est la levée de 300 000 hommes décidée par la Convention qui provoque en mars 1793 une véritable insurrection armée. Bientôt, tout l’ouest de la France, au sud et au nord de la Loire, est touché par les troubles. La Convention organise rapidement la riposte et le conflit s’intensifie. Du 13 au 17 octobre a lieu une âpre bataille livrée devant Cholet, qui se conclut par une victoire des armées républicaines. Les Blancs refluent alors vers la Loire pour échapper à la répression.
 

 

 

Virée de Galerne

octobre-décembre 1793

Battus à Cholet les Vendéens refluent  poussés par les Républicains


 

 

 

la mirlitantouille, revolution et chouannerie dans le pays de moncontour

http://www.tourisme-moncontour.com/Histoire-Moncontour/Musees/Maison-de-la-chouannerie-et-de-la-revolution_fiche_1737.html

 

Sur les bords de la Loire 1793-1794

"Les noyades de Nantes en 1793"

20 octobre. Carrier arrive à Nantes et va semer la terreur.

Le supplice de la baignoire nationale, a fait l’objet de multiples descriptions toutes aussi atroces.

( Rappelé par la Convention, Carrier, le missionnaire de la Terreur, est jugé pour cruauté excessive et guillotiné le 16 décembre 1794 ).

La messe, une pratique interdite sous la Révolution

Voté par la Constituante en 1790, le décret de la Constitution civile du clergé suscite une vive opposition en Bretagne : la majorité des prêtres bretons refusent de prêter le serment de fidélité et deviennent des réfractaires. Cette décision de la Constituante incite aussi à la résistance les paysans et les pêcheurs bretons, pour la plupart fervents catholiques. Pendant cette période troublée, la mer devient le seul endroit, avec la forêt, où les prêtres réfractaires peuvent dire la messe.
Cette politique jugée antireligieuse sera une des causes de l'insurrection des chouans et fera naître de profondes divergences entre une bourgeoisie majoritairement urbaine et la masse des paysans solidaires de leurs prêtres réfractaires. Elle aura aussi pour effets durables de maintenir la noblesse et le clergé dans leurs prérogatives et, au contraire, de nourrir un sentiment anticlérical républicain.

Reprise de Cholet par les Vendéens

10 février 1794

Le Gal JB Moulin se suicide pour ne pas tomber entre les mains des Vendéens.

voir le site :
http://www.musee-vendee-chouannerie.com/

fusill1.jpg

25 février. Stofflet fusillé à Angers.

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12 janvier 1794, premières fusillades au Champ des Martyrs d'Avrillé

Situé à l'écart d'Angers, bien qu'aujourd'hui enveloppé par son agglomération, le Champ des Martyrs d'Avrillé est un lieu de recueillement émouvant dont chaque recoin évoque la mémoire des 2.000 victimes de la Terreur fusillées à cet endroit.


 
La chapelle Saint-Louis du Champ des Martyrs d'Avrillé
La chapelle Saint-Louis du Champ des Martyrs d'Avrillé
Bastion républicain aux portes de la Vendée insurgée, Angers fut un haut lieu de la Terreur. La ville comptait de nombreuses prisons regorgeant de prisonniers capturés outre Loire, lors de la Virée de Galerne, ou dans les Mauges à nouveau occupées par les Bleus. Pour vider les cachots, la guillotine de la place du Ralliement ne suffisait pas. Il fallait des moyens d'exécution de masse. On fusilla ainsi, après un jugement expéditif, plus de 2.000 personnes, en majorité des femmes, entre le 12 janvier et le 16 avril 1794, dans la campagne d'Avrillé, au nord d'Angers. 

Blancs et Bleus
De gauche à droite 
Un gars du Loroux, un capitaine de paroisse, un mouton noir du Pays de Retz, un fusillier du 109ème de ligne, un héro à 500 livres

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Combat de Saint-Michel-et-Chanveaux   (Buisson - Bellanger)

Le 31 août 1794, 360 soldats républicains sous les ordres de l'adjudant-général Decaen affrontent 500 chouans armés de fusils et 300 paysans avec des fourches et faux renversées, de la division de Segré commandées par Sarazin qui est tué sur la chaussée de l'étang. Les rescapés trouvent refuge dans la division de Châteaubriant, d'après les républicains ils déplorent environ 50 morts et autant de blessés

CANDE

A cette même époque, 20 jeunes gens de Candé, qui étaient dans
les Chouans, se rendirent aux Bieus qui leur promirent la vie
sauve, les condamnèrent seulement à 15 jours de prison et les
enfermèrent dans un immeuble de la rue Bourgeoise. Quelques jours
plus tard, un général républicain passant à Candé et apprenant
l'existence de ces prisonniers, les fit conduire au moulin de la
Saulaie, attenant  l'actuel parc municipal et les fit fusiller. L'un
d'eux blessé seulement, réussi à s'enfuir et à se cacher dans un
cham de choux. Dénoncé par un paysan, il fut retrouvé et massacré.
Cette dénonciation ne resta pas impunie, car dès la nuit suivante,
ce paysan fut tué par les Chouans

NOELLET

Le prêtre de Noëllet décide de prêter serment, mais est égorgé par les chouans en 1794 avec le maire. Les vicaires desservants la paroisse refusent de prêter serment et s'enfuient ou sont déportés. La population se range globalement du côté de la chouannerie, certains habitants prenant part au combat des Rochettes à La Prévière avec les habitants d'autres paroisses6.

La Dilligence (Loiré)


La Dilligence (Loiré

LOIRE

Le tracé de la Virée-de-Galerne de la Grande Armée Catholique et Royale passe au Gué et les royalistes et bleus y livrèrent une terrible bataille, à laquelle prirent part de nombreux Loiréens, Loiré étant à l'époque un bastion royaliste important.

Le 11 mars 1793, lors de la révolte de Combrée, les révoltés couchent dans l'église et dans l'auberge du village. Après leur défaite à Loiré, 22 révoltés sont guillotinés à Angers le 2 avril, dont quatre habitants du Tremblay, âgés de 28 à 46 ans7. L'église du Tremblay est partiellement incendiée en août 17946.

Pendant la chouannerie, la population prend parti pour les chouans. Le capitaine du Tremblay et de Noëllet est Gasnier, dit La Huasse. Le 12 septembre 1794, l'officier municipal du Tremblay est tué par les chouans. Le 25 mars 1796, un bataillon de 400 soldats républicains est surpris dans un chemin par 3 000 chouans dirigés par Mathurin Ménard, dit Sans-Peur. Les républicains perdent 300 hommes, les pertes des chouans sont faibles. Le lendemain, les troupes républicaines de Segré fouillent la région, tuent un des blessé du combat et brûlent l'église du village. Le chemin porte le nom du Chemin de la Tuace ou Tuasse. Le 9 octobre 2010, une plaque commémorative est posée à l'initiative de l'Association Vendée militaire8,6.

Le Petit AUVERNE

Les Républicains, maîtres du terrain, commencent alors à procéder aux réquisitions. Les hommes de Muscar se chargent de Moisdon-la-Rivière, Humbert, avec le gros de ses troupes occupe le Grand-Auverné et envoie 400 hommes au Petit-Auverné. Cependant l'opération de réquisition dégénère en véritable pillage. Les soldats républicains se répandent dans les villages et les fermes aux alentours et commettent de nombreuses exactions. 4 civils sont assassinés à Moisdon-la-Rivière, un administrateur, pourtant républicain est également tué au Grand-Auverné. C'est néanmoins la paroisse du Petit-Auverné qui souffre le plus. Les soldats républicains commettent des actes de pillages et de tortures sur les hommes, plusieurs sont émasculés, de nombreuses femmes sont violées, ainsi que des enfants sur lesquels dit le rapport républicain « quelques brutes osèrent assouvir publiquement leur fureur contre nature. »

 

 

Un épisode sanglant de la Chouannerie au Petit-Auverné : l’assassinat des 2 frères Bauland le 27 juillet 1794 (9 thermidor de l’an II)

Les historiens estiment aujourd’hui que les paysans se sont bien soulevés spontanément en mars 1793, mais non pas tant pour le roi et la bonne religion que contre la Nation. C’est-à-dire contre les nouvelles autorités incarnées par la ville voisine et qui avaient accumulé maladresses, abus et provocations contre une paysannerie nombreuse et consciente de ses véritables intérêts.En 1793, il s’agit bien d’un soulèvement massif de paysans irrités par le rôle politique prépondérant que s’attribuaient les bourgeoisies urbaines des chefs-lieux de district :

-* Départ imposé des curés et vicaires qui refusent de prêter serment à une Constitution qui inquiète leur conscience (85% de prêtres réfractaires dans le district de Châteaubriant) ; la loi du 26 août 1792 leur donne le choix entre l’exil ou la réclusion.

Remplacement par des prêtres jureurs dont le Pape et les curés réfractaires disent qu’ils sont hérétiques.

-* Lourdeur des nouveaux impôts.

-* Vente des biens nationaux qui profitent surtout aux riches.

-* Mise en circulation des assignats dont la valeur se déprécie de mois en mois.

-* Suppression des aumônes que la plupart des curés et monastères multipliaient dans les temps difficiles en faveur des paysans les plus pauvres.

-* Enfin, la levée de 300.000 hommes dont sont pratiquement exemptés les bourgeois des villes, puisque les membres de l’Administration ne partaient pas."

Une très grande insécurité règne dans la région au cours de cette période (1793-1800) : tandis que les principales bourgades et surtout Châteaubriant sont sous la protection des troupes républicaines qui y ont installé leurs cantonnements, les campagnes sont très largement aux mains des insurgés qui y trouvent appuis et connivences ; dans ces circonstances, la majorité de la population s’efforce de ne plaire ni de déplaire tant aux chouans qu’aux républicains, par crainte des représailles.

On estime en effet à environ 200 le nombre de victimes exécutées en 1794 par les Chouans (la Terreur Blanche) dans le district de Châteaubriant dont le territoire correspond à peu près à celui de la Communauté de Communes du Castelbriantais ; un rapport républicain de l’époque avance même le nombre de 400, mais il s’agissait sans doute pour les responsables du district de Châteaubriant, en gonflant les pertes, d’obtenir plus facilement des renforts de troupes ; parmi les victimes, on trouve en majorité des maires et des officiers municipaux , dont le zèle en faveur des autorités est jugé excessif par les Chouans : ainsi furent décimées par exemple les municipalités d’Issé, de Moisdon la Rivière et de St Julien de Vouvantes ; mais figurent aussi parmi les victimes des notables comme le directeur des forges de Moisdon et celui de la verrerie de Fercé, exécuté avec l’un de ses fils et son contremaître, des commerçants, des artisans et de simples paysans.

Sur la liste, établie par le District en 1794, des condamnés à mort de la Commission Militaire de Châteaubriant, on constate que 2 communes ont payé un lourd tribut à la répression :Moisdon la Rivière avec 13 fusillés et Le Petit-Auverné avec 11 fusillés."

CHAZE SUR ARGOS - (BLANCHET)


Pendant la Révolution, la population de Chazé se montra généralement royaliste.
Les habitants formèrent une compagnie de chouans commandée par Dugué, dit BarbeNoire, et qui prit rang dans l’armée de Scépeaux
 

Début juillet, les forces de Scépeaux, Terrien et Turpin partent rejoindre les forces de Coquereau et Sarrazin à Chazé-sur-Argos, mais le 5 juillet, ils sont attaqués près des Basses-Rivières par une colonne républicaine forte de 400 hommes. Les Chouans, aussi nombreux, ont d'abord l'avantage et repoussent les Républicains, une deuxième colonne, pensant prendre leurs adversaires à revers est également vaincue. Selon le capitaine chouan Bellanger, les pertes des Royalistes sont de 30 tués et 10 blessés1

Château de Bourmont

 

FREIGNE

M. Morin dut renoncer à remplir ses fonctions sacerdotales et fut obligé de se
déguiser sous des vêtements de fermier. Retiré dans le bourg, chez une pieuse fille
connue sous le nom de la petite soeur, il jouit pendant deux ans d'une tranquillité
relative, malgré les recherches multipliées de la garde nationale de Candé, et put à
diverses reprises administrer les sacrements. Mais son refuge fut enfin découvert. M.
Bongérard, officier public, républicain honnête, prévenu de l'imminence d'une
perquisition, fit secrètement avertir la petite soeur, qui ne crut pas à un danger sérieux et
s'obstina à garder M. Morin. Les esprits, sans cesse troublés par de fausses alarmes,
s'étaient accoutumés à braver tous les périls ; cette fois, le bruit n'était que trop fondé.
Brusquement informé de l'approche des patriotes, M. Morin monta dans la cheminée,
mais au moment où, pour s'assurer de la direction du détachement, sa tète dépassait le
faite, il fut aperçu ; quelques instants après, la maison était cernée. Immédiatement
arrêté, le recteur eut à subir d'odieuses injures. On le traîna, garrotté, au pied de la croix
du cimetière ; des gardes nationaux se prosternèrent devant lui d'une façon dérisoire, et
l'un d'eux, affublé d'une aube, lui cracha au visage.
On était alors au commencement du carême de l'année 1794. M. Morin fut conduit à
Angers et monta sur l'échafaud le jour du Jeudi-Saint.


Durant cette lugubre période, le pays était parcouru par de nombreuses bandes de
Chouans, sans cesse traquées par les colonnes républicaines, mais qui trouvaient un
refuge assuré dans les champs de genêts, dans les bois et à Bourmont, où Scépeaux
établit son quartier général à la fin de 1795. Là, comme à la Saulaye, se passèrent des
scènes tragiques ou sanglantes ; le meurtre et l'incendie étaient les moyens habituels de
cette terrible guerre civil

Le LOUROUX-BECONNAIS

Saint Noël Pinot Prêtre et martyr à Angers (+ 1794)

 

 


Il est né à Angers et fut curé de Louroux-Béconnais. Pendant la Révolution française, il refusa de prêter le serment de la Constitution civile du clergé et poursuivit son ministère malgré les interdictions. Traqué, il fut arrêté durant la célébration de la messe clandestine qu'il célébrait peu avant minuit dans une grange de ferme. Ses bourreaux le feront monter sur l'échafaud et guillotiner avec les vêtements liturgiques qu'il portait lors de son arrestation. Ce fut sa dernière messe sur terre.. 


La paroisse réunissait jusqu'au milieu du XVIIIe s. une nombreuse noblesse,— les d'Andigné entre autres, avec les Sénéchal, les Percault, les Lejau, les du Chastelet au XVIe s.,— les Lagrange, les Lancrau, les d'Aubigny, les de la Marche, les de Brie au XVIIe s. Couverte de landes et de bruyères, envahie par les faux saulniers et pillée à merci par la brigade des fermes, qui y tenait résidence, « elle nous semble être en pays ennemi », écrivaient les habitants. Des 18 000 liv. de rentes qu'y percevaient les ecclésiastiques, ils demandaient aussi qu'on prélevât du moins 1 200 liv. pour aider un grand nombre de pauvres mendiants, — et encore qu'on établit un impôt unique proportionnel du dixième sur le revenu. — Ce rendez-vous de misère devint un centre actif de recrutement pour la chouannerie qui y lit rage. — Le 22 juin 1793 le presbytère fut pillé. — Le 23 mai 1794, les chouans investirent le bourg, y fusillèrent une jeune fille de 18 ans au pied d'un mai élevé sur la place publique, et pour débusquer les patriotes, incendièrent l'église et le presbytère

 

Chromo la mort du général Beaupuy (26 octobre 1793)

armedespaysans1.jpg.

L’orsqu’on jugeait nos paysans, c’était bientôt fait, on leur disait: “ Vous faisiez partie de l’armée des brigands?” Ils répondaient :” Il ne faut pas mentir. Oui, monsieur.- Vous vous êtes battus? -- Oh! oui, monsieur.” C’était fini, on les rentrait à la prison et on les exécutait deux heures après. Ils s’en allaient en priant Dieu et disant aux prisonniers qu’ils rencontraient: “Adieu, nous allons en paradis, vive le roi!” 
Ils avaient l’air aussi tranquilles que s’ils avaient suivi une procession. Ils n’avaient pas un mot pour s’excuser au tribunal, n’avaient fait aucune plainte pendant les deux heures qu’ils attendaient la mort et priaient avec le plus grand calme, sans pleurer ni murmurer, ni se plaindre.